La prothèse totale de hanche

Une prothèse totale de hanche (PTH) est une intervention chirurgicale qui consiste à remplacer l’articulation de la hanche par une hanche artificielle. Elle est généralement réalisée chez des patients souffrant de douleurs sévères et invalidantes secondaire à une coxarthrose évoluée.

L’objectif de cette intervention est de soulager la douleur, améliorer la mobilité et permettre aux patients de reprendre leurs activités quotidiennes ou sportives. La réhabilitation après l’opération est essentielle pour un bon rétablissement.

Avant l’intervention vous passerez des radiographies du bassin et de la hanche qui permettront de planifier l’intervention, c’est à dire déterminer avec précision la prothèse la plus adaptée ainsi que sa taille et sa position pour reproduire au plus proche votre anatomie. Il s’agit donc d’une planification sur mesure adaptée au patient.

Planification pré-opératoire.

L’intervention est pratiquée le plus souvent sous anesthésie générale, mais peut parfois être sous anesthésie loco-régionale (du bas du corps : rachianesthésie ou anesthésie péridurale). C’est le médecin anesthésiste qui vous précisera, lors de la consultation préopératoire d’anesthésie, les modalités, les bénéfices et les risques de l’anesthésie choisie. Il faudra impérativement lui signaler tous vos antécédents médicaux et vos allergies. N’hésitez pas à lui poser toutes les questions que vous jugerez utiles.

Nous pratiquons (groupe Meriscience) la pose de PTH par voie antérieure, qui est la seule voie d’abord pour accéder à la hanche de manière inter-musculaire (sans section musculaire ou tendineuse) et inter-nerveuse (passage entre des muscles innervés par différents nerfs). Cette voie d’abord respectueuse de l’anatomie est mini-invasive ; elle permet de favoriser une récupération rapide et garantit un taux extrêmement faible de luxation.

Pour pratiquer cette voie d’abord vous serez positionné sur une table spécifique type table de Judet permettant de mobiliser votre hanche dans tous les plans de l’espace. Votre pied sera donc mis dans une botte puis rattaché à un dispositif permettant de mobiliser le membre.

Dispositif de positionnement pour voie antérieure de hanche.

Dans un premier temps, l’articulation de la hanche est ouverte puis préparée pour accueillir les différentes pièces prothétiques.
La cicatrice, en avant de la hanche, mesurera une petite dizaine de centimètres.


Après l’incision, l’acétabulum et le fémur sont préparés afin de recevoir les implants. A noter que la tête fémorale retirée peut être envoyée à une banque d’os afin d’être réutilisée si besoin pour des interventions complexes où de la greffe osseuse est nécessaire ; votre consentement signé vous sera demandé dans ce cas.

La prothèse totale, composée de plusieurs pièces, remplace les deux parties de l’articulation, d’une part la tête et le col du fémur, d’autre part, la partie de l’articulation coté bassin (le cotyle).

PTH et ses différents composants

La fixation de la prothèse à l’os se fait soit par un ciment acrylique (sorte de résine à prise rapide) soit par l’os lui-même qui repousse dans toutes les anfractuosités de la prothèse et ainsi la stabilise.

La tige implantée dans le fémur est le plus souvent impactée dans l’os (fixation naturelle par repousse osseuse) mais peut parfois être cimentée. Chez Meriscience nous utilisons des implants soigneusement sélectionnés et adaptés à chaque patient ; ils permettent une implantation plus physiologique qui diminue le risque de complications.
Pour diminuer le risque de fracture périprothétique(fracture autour de la prothèse) nous utilisons le plus souvent des tiges à collerette. En cas de risque important nous utilisons des tiges cimentées qui diminuent encore plus ce risque.

Tige raccourcie sans ciment (avec et sans collerette).

La surface de glissement entre les deux pièces (qui reproduit le rôle du cartilage), doit permettre une excellente mobilité de la prothèse avec la meilleure résistance à l’usure possible : elle est constituée soit par l’association d’une tête métallique ou céramique avec une cupule en polyéthylène, soit par une tête et une cupule en céramique.

Nous utilisons soit de la céramique (ou alumine), soit du polyethylène hautement réticulé. Le taux d’usure de ces matériaux est extrêmement faible rendant son utilisation possible même chez des patients jeunes (seuls 5 à 10% de ces implants ont un risque d’être changés 20 ans plus tard).

Chez certains patients à risque, le chirurgien pourra poser un implant dit à « double-mobilité » ; cet implant diminue très fortement le risque de luxations.

Cotyle à double mobilité diminuant le risque de luxation de la prothèse.

Le choix des implants est du ressort du chirurgien qui décidera de la solution la plus adaptée au cas de chaque patient.

Radiographie post-opératoire d’une PTH gauche

Les évènements qui peuvent perturber le bon déroulement de votre intervention
Un acte chirurgical n’est JAMAIS un acte anodin. Quelles que soient les précautions prises, le « risque zéro » n’existe pas. Lorsque vous décidez de vous faire opérer, vous devez en avoir conscience et mettre en balance les risques avec les bénéfices attendus d’une intervention (= balance bénéfice/risque).

Votre anesthésiste veillera à prendre toutes les précautions pour adapter votre anesthésie et l’encadrement médical de vos suites opératoires à votre état de santé. Il est aussi important que vous compreniez l’importance du respect des consignes qui vous seront données : bilan préopératoire, adaptation de votre traitement, prévention des risques d’infection et de luxation. Le respect de ces consignes est indispensable pour assurer votre sécurité.

Des complications peuvent survenir pendant l’intervention :
Malgré toutes les précautions lors du geste chirurgical, il peut se produire, dans de rares cas, des complications, souvent aussitôt soignées par un traitement adapté :

  • Un saignement.
  • Une fracture
  • Une blessure de nerfs

Complications pouvant survenir à distance de l’intervention :
– Complications précoces

  • Hématome
  • Infection de la région opérée (= infection du site opératoire)
  • Thrombose veineuse dans les jambes (caillot sanguin)
  • Une inégalité de longueur peut exister avant l’intervention (les deux jambes n’ont pas toujours la même longueur) et n’est pas obligatoirement une complication après l’intervention. Le réglage millimétrique n’est pas possible.
  • La luxation de prothèse (l’articulation se déboite), est une complication possible surtout durant les six premières semaines postopératoires, période au cours de laquelle les ligaments doivent cicatriser et les muscles maintenant l’articulation en place, retrouver leur tonus

Suites habituelles et conditions de vie après une prothèse totale de hanche

Comment vit-on avec une prothèse de hanche ?

On vit normalement avec une prothèse totale de hanche, avec toutefois quelques précautions à adopter.

Seule votre hanche a été remplacée, mais le reste de votre organisme est inchangé et vous devrez adapter votre activité à votre condition physique.
Il faut le plus souvent plusieurs mois pour tirer tout le bénéfice de l’opération. Du fait du mauvais fonctionnement de votre hanche avant l’opération, vos muscles ont bien souvent fonctionné dans de mauvaises conditions plusieurs mois voire plusieurs années. Il leur faudra donc du temps pour reprendre leur force et leur souplesse. Les progrès seront réguliers durant les trois premiers mois. Le travail que fait l’os pour adhérer aux prothèses sans ciment peut être responsables de douleurs temporaires surtout ressenties dans la cuisse. En pratique il faut attendre au moins 6 mois pour « oublier » la prothèse, ce qui est l’objectif recherché. Au delà de ces 6 mois il n’est pas rare que la hanche reste sensible et fatigable à l’occasion d’efforts prolongés ou après une longue période de repos. Ceci ne doit pas vous décourager. Le temps de la cicatrisation, de l’adaptation de votre squelette à votre prothèse et de récupération de la souplesse et de la force de vos muscles est long.

La conduite automobile :
plusieurs études ont montré qu’après l’intervention, il est nécessaire d’attendre un, voire deux mois, pour retrouver les réflexes nécessaires à une conduite sûre. Durant les premières semaines, les traitements analgésiques, le manque
de force et de mobilité de votre hanche ainsi que des phénomènes douloureux peuvent limiter votre aptitude à réagir rapidement. Durant cette période il est donc prudent d’éviter la conduite automobile, en revanche, il vous sera rapidement possible de voyager comme passager.

Le sport :
le sport n’est pas contre-indiqué avec une prothèse de hanche ; bien au contraire, la pratique d’un sport d’entretien adapté à votre état général vous sera bénéfique et est recommandé. Il faut privilégier les sports qui ménagent la hanche opérée et éviter les activités où les impacts sont importants. Une activité sportive que vous maitrisiez avant la détérioration de votre hanche aura de grandes chances d’être reprise.

La marche, la course prudente, le vélo, la natation, le golf, le ski, le tennis, … seront possibles. En revanche, les sports qui entrainent des mouvements extrêmes ou des impacts violents, (parachutisme, sports de combat…) peuvent être dangereux pour votre prothèse même si ils ne sont pas formellement contre indiqués.

Votre intervention en pratique

  1. Préparation à l’intervention :
    Les traitements médicaux : Si vous suivez un traitement médicamenteux, celui-ci doit être signalé à votre anesthésiste car il doit parfois être modifié ou interrompu pour préparer votre intervention. Les traitements qui modifient votre coagulation (aspirine, plavix, injections d’anticoagulants, sintrom, préviscan, Pradaxa, Xarelto, Eliquis…) nécessitent souvent des adaptations afin d’assurer votre sécurité.Les consignes préopératoires :
    – Respectez les consignes que vous a données votre anesthésiste.
    – N’oubliez pas d’apporter les examens qui ont été prescrits : examens
    sanguins, radiographies, examens dentaires et cardiaques.
    – Apportez aussi les appareillages qui vous ont été conseillés : béquilles,
    bas de contention.
    – Si des consignes de toilette ou de préparation de votre peau vous ont été
    données, il est important de les respecter.
  2. L’hospitalisation
    Au moment de votre admission, il faut signaler tout événement qui aurait pu arriver depuis votre dernière consultation : maladie (en particulier toute infection), problème de peau (plaie, infection, rougeur), tout changement de votre traitement médicamenteux…Lors de votre hospitalisation, votre nom, l’intervention pour laquelle vous êtes hospitalisé(e), le côté de l’opération, vous seront demandés à de nombreuses reprises (certains chirurgiens appliquent sur la zone opérée ou à proximité une ou plusieurs marques avec un feutre dermographique). Il s’agit de précautions obligatoires qui ont démontré leur efficacité pour assurer votre sécurité.La durée de l’hospitalisation dépend de l’intervention pratiquée, des suites opératoires, de votre état général, mais aussi des conditions de votre retour à domicile. Elle est généralement de 24 à 48h maximum.

Trois points doivent être particulièrement surveillés :

A. Cicatrice et fils :
Un pansement est le plus souvent réalisé le jour de la sortie. N’y touchez pas. Il protège la cicatrice. Il sera renouvelé par une infirmière de ville à domicile ou à proximité de chez vous selon les consignes de votre chirurgien. Les fils, selon l’habitude du chirurgien, peuvent être :
résorbables : ils se résorbent tous seuls. Dans ce cas, le pansement est
retiré entre le dixième et le quinzième jour puis la cicatrice reste le plus
souvent à l’air libre. En cas de mise en place de colle (et donc pas de pansement), il n’y aura aucun soin infirmier à pratiquer et il sera possible de prendre une douche. La colle tombera toute seule au bout de 3 à 4 semaines.
non résorbables (ou agrafes) : ils doivent être retirés par votre infirmière à domicile

B. Traitement médical
• Les médicaments contre la douleur (= antalgiques) : habituellement la
hanche opérée est modérément douloureuse. Néanmoins, la zone
opératoire est rarement indolore avant le trentième jour, ce qui est normal, et peut être le siège d’œdème ou d’hématomes.
Des douleurs sont assez fréquentes pendant cette période ; il faut prendre scrupuleusement le traitement antalgique prescrit.

Les anticoagulants : Ils sont indispensables pour diminuer le risque de
phlébite et d’embolie pulmonaire, mais ils sont potentiellement dangereux en cas de sur ou sous dosage ; il ne faut jamais en modifier la dose ni la fréquence de prise vous-même.

La rééducation n’est généralement pas utile après prothèse totale de hanche. Il faut reprendre progressivement les activités en fonction de votre ressenti.C’est avant tout la reprise progressive de la marche et de vos activités habituelles qui rendront à votre hanche un fonctionnement normal. Dans certains cas spécifiques le chirurgien pourra vous prescrire de la rééducation .

Une prothèse est un matériel inerte que vos défenses immunitaires ne peuvent protéger si une bactérie vient s’y fixer. Lors d’une infection à distance (plaie infectée, infection urinaire, gynécologique, dentaire, cutanée…) ou lors d’une autre intervention chirurgicale même anodine (chirurgie dentaire, par exemple), des bactéries peuvent passer dans le sang et venir se fixer sur votre prothèse. Signalez donc avant tout soin que vous êtes porteur d’une prothèse et signalez toute fièvre ou infection à votre médecin traitant afin qu’elle soit traitée rapidement.

« Quelle va être la taille de ma cicatrice ? » :
La taille de la cicatrice varie en fonction de nombreux facteurs : l’enraidissement, les gestes chirurgicaux antérieurs mais surtout la corpulence qui rend la hanche plus profonde. Elle varie de 5 à 10 centimètres mais peut être plus importante en cas de situation difficile.« Ma jambe opérée est-elle plus longue que l’autre ? » :
C’est une sensation relativement fréquente. Il s’agit souvent d’une fausse impression passagère liée au fait que la prothèse a corrigé l’usure ou une déformation de l’articulation. Tout le monde n’a pas les deux jambes exactement de la même longueur ! Le bassin et le dos compensent une différence de quelques millimètres et cette impression disparaît en quelques mois. Au-delà, une compensation par une talonnette peut s’avérer utile.

« J’ai encore du mal à monter les marches, j’ai tendance à boiter lorsque je suis fatigué ou que je suis resté assis longtemps, est-ce normal ? » :
Les muscles mettent un temps plus ou moins long à retrouver leur tonus surtout lorsque l’articulation est encore douloureuse. C’est pourquoi il faut souvent plusieurs semaines ou mois pour retrouver une force normale.

« Puis-je voyager ?» :
Oui mais il est prudent d’attendre la sixième semaine. Prenez l’avis de votre chirurgien. Attention aux longs voyages, ils favorisent les phlébites et peuvent nécessiter un traitement anticoagulant. N’hésitez pas à interroger votre médecin traitant. En avion, dégourdissez-vous les jambes toutes les 2 heures et portez des bas de contention.

« Est-ce que je risque de faire sonner les portiques détecteurs de métaux dans les aéroports ? » :
Oui : Aucun document médical n’est conseillé par les services de sécurité des aéroports. La police de sécurité saura localiser votre prothèse par les détecteurs de métaux

« Puis-je reprendre le sport ? A partir de quand ? » :
D’une façon générale, une pratique sportive adaptée à votre état général n’est pas contre-indiquée mais, au contraire, vous sera bénéfique. Les conseils pour la reprise du sport ont été précisés précédemment. N’hésitez pas interroger votre chirurgien qui saura vous répondre en tenant compte de votre situation.

« Devant quels signes dois-je m’inquiéter ? »
– Une température élevée
– Un gonflement et une rougeur ou un écoulement au niveau de la cicatrice
– Une douleur et un gonflement du mollet
– Une oppression respiratoire
– Et d’une façon générale, tout symptôme nouveau. Sans attendre, appelez
un médecin (de préférence, votre médecin traitant). Si vous ne parvenez
pas à le joindre, contactez l’établissement où vous avez été opéré.

Toutes ces informations sont extraites du livret « PTH » disponible sur le site de la SOFCOT (www.sofcot.fr)